I- Qu'est-ce que la motricité libre ?

La motricité libre c'est laisser à l'enfant la possibilité d'explorer son corps et ses capacités en le laissant libre de ses mouvements. Il passe ainsi d'étape en étape comme et quand il le souhaite.L'enfant fait ses acquisitions de façon autonome et développe sa confiance en lui.

Dans la motricité libre, l'adulte ne doit pas mettre l'enfant dans une position dont il ne peut se défaire seul et qu'il n'a pas encore acquise. L'adulte doit apprendre à ne pas intervenir mais à observer pour ainsi adapter et sécuriser l'environnement qui l'entoure.

La motricité libre décrit l'activité spontanée : l'enfant est maître de son développement. Nous y trouvons trois grandes phases :

• La phase statique : elle décrit la position à plat sur le tapis. Le bébé bouge ses membres, s'agite mais ne cherche pas à se déplacer.
  
• La phase dynamique : elle décrit les premiers déplacements. Le bébé gigote davantage et fait l'apprentissage des déplacements au sol.
  
• La découverte de la verticalité : l'enfant se redresse, maintient son dos en position verticale, sait se tenir assis, à genoux puis debout et va faire l'apprentissage de la marche.
  

Au cours des ces 3 phases, s'élaborent les positions et les passages : dans les positions, l'enfant bouge peu, se repose, manipule, joue et observe. Les passages donnent à l'enfant la liberté de choisir sa position et d'en passer à une autre. D'où l'importance de ne pas l'installer assis ou debout directement, sinon l'enfant ne voit pas d'importance à cette nouvelle position. Les nouvelles positions ont de l'intérêt si l'enfant y parvient et en sort seul, ceci le sensibilisera à l'indépendance et c'est un élément révélateur de l'aisance motrice.

II-La motricité libre lors des premiers mois

a) Le rôle de la motricité libre

Dans cette période, l'enfant a besoin d'être contenu et entouré physiquement : c'est dans la satisfaction de ce besoin qu'il va se sentir en sécurité affective. Cette dernière va lui apporter une confiance en son environnement et en lui-même : il va oser explorer,tester, se lâcher, s'éloigner de l'adulte.

L'enfant va vouloir rapidement tester les limites de son corps et expérimenter librement de nouvelles positions. En répétant ces exercices (se tourner, se redresser etc.), l'enfant se prépare tout seul aux différentes acquisitions et renforce ses muscles, sa souplesse et sa persévérance. En étant sur le dos, il n'y a pas de tension pour soutenir sa tête, ce qui favorise la détente du corps.

La motricité libre va permettre à l'enfant d'acquérir des réactions « automatiques Â». Ces réactions sont innées et font partie de la maturation neurologique normale. D'autres réactions, comme s'appuyer sur le bras quand on est sur le ventre pour se redresser, tous les autres déplacements au sol ou repousser un support pour passer de la posture assise à debout sont acquises par les différents exercices pratiqués au cours de l'évolution motrice.

Ci-dessous, l'évolution de l'enfant désignant le cheminement le plus logique pour parvenir à la marche :

• Entre 4 et 6 mois : Le bébé se met sur le côté, quand est à plat ventre, redresse la tête et s'appui sur ses avant-bras.Passe du dos vers le côté.
  
• Entre 6 et 8 mois : Passe du dos au ventre et inversement. Puis va tourner en rond quand est sur le ventre.
  
• Entre 8 et 10 mois : L'enfant rampe et parvient à passer du ventre aux 4 pattes. Il va ensuite s'installer assis et tenir seul. 

L'acquisition aux 3 appuis est très longue à acquérir mais l'enfant passera toujours par la position 4 pattes : c'est parce qu'(il va vouloir attraper quelque chose qu'il va libérer une main et donc passer aux 3 appuis. Très vite, il prendra appui sur un support pour se mettre debout.

b) Le rôle de l'adulte 

Il est important de favoriser la position allongée, sur un tapis afin que l'enfant puisse se déplacer en toute liberté.Dans ce coin, des jeux avec différentes textures sont posés à côté de lui pour éveiller ses sens et lui faire tenter d'aller l'attraper et donc se tourner :l'adulte l'encouragera et aura un regard bienveillant. Les transats, trotteur et coussins pour caler l'enfant sont à éviter afin de laisser l'enfant bouger,explorer l'espace, saisir les objets, les relâcher, sentir les différentes formes et textures.

L'adulte ne doit pas contrarier l'enfant en lui faisant faire des choses pour lesquelles il n'est pas prêt (l'asseoir ou le mettre debout par exemple), ça serait le mettre en situation d'échec et en difficulté, ce qui ne consolidera pas sa confiance en soi. Par conséquent, l'adulte ne proposera pas une position à l'enfant qu'il ne sait pas prendre lui-même : on ne les lui apprend pas, il les découvre lui-même. L'enfant essaiera de nouvelles postures parce qu'il se sent prêt à les explorer, il en aura envie et s'en sentira capable. L'adulte doit distinguer le « maintien Â» : être assis par l'adulte et le« mouvement Â» : l'enfant s'nstalle et sort seul d'une position.

Lors des contacts, l'adulte doit adopter une bonne manière de prendre l'enfant pour le soulever, le tenir, le porter etc...En effet, ces bonnes postures vont éviter de crisper l'enfant, par exemple, ne pas le soulever brusquement du tapis mais le prévenir qu'on va le porter puis le tourner et le placer contre soi.

Lorsque l'enfant ne parvient pas à attraper un jeu ou à dégager son bras lorsque qu'il se retrouve sur le ventre, éviter de lui donner le jeu ou de dégager son bras mais plutôt se poser près de lui, le rassurer en lui disant que vous avez vu ce qu'il le frustrait mais que vous êtes présent, que tout va bien et que vous lui faites confiance parce qu'il peut se défaire seul de cette frustration : le guider, le conseiller et le rassurer sur le fait qu'on interviendra si nécessaire.

c) Conclusion

La motricité libre permet d'acquérir plus de confiance physique et affective car c'est l'enfant qui se construit son propre chemin : ceci favorise l'esprit d'initiative et de créativité. La motricité libre va lui faire se sentir bien dans son corps, on y observera par conséquent une aisance vers l'autonomie et une séparation gérée plus facilement.

Les coins d'éveil doivent être pensés et imaginés afin qu'ils apportent une richesse et une variété de découvertes qui donne envie au bébé d'agir et ainsi d'évoluer à son rythme.

III-La motricité libre lorsque la marche est acquise

a) Le rôle de la motricité libre

La motricité libre, dans cette phase du développement, va se différencier dans les jeux. En effet, ces derniers seront plus moteur (ballons, motos) et feront appel à la motricité fine de l'enfant (jeux d'encastrement ou de construction). Au cours de l'acquisition de la marche, la motricité libre permet à l'enfant d'acquérir des réactions de protection, dites « parachute Â». Ces « réflexes Â» nous protègent en cas de chute : mettre les mains en avant pour se réceptionner, la tête et le haut du corps qui se redressent .

• Entre 11 et 14 mois: L'enfant franchit les obstacles à 4 pattes, puis, à l'aide  d'un support, va se mettre à genoux. C'est de cette position qu'il va se mettre debout avec un appui sous ses mains et se déplacer le long du support. L'acquisition de la marche débute quand l'enfant se déplace en poussant le  support. 4 appuis sont obligatoires chez l'enfant. L'enfant n'abandonne jamais cette technique. Pas 4 pattes au sol mais utilise ses 4 appuis.
  
• Entre 11 et 18 mois : en se mettant debout avec un support, l'enfant va tester son équilibre en lâchant le support de temps en temps. Lorsqu'il est sûr, il va se lâcher et faire le premier pas. Très vite, il va marcher seul et de manière assurée
  

b) Le rôle de l'adulte

Il faut au maximum laisser l'enfant mettre ses jeux à la bouche en présence de l'adulte qui sait mettre des limites en douceur et prévenir des dangers. Cet accompagnement va lui permettre de mettre en oeuvre toute sa sensorialité et la découverte de son corps tout entier. Nous devons accorder à l'enfant, une attention de tous les instants et repérer où il en est dans son développement, afin d'adapter en parallèle les jeux, coins et notre accompagnement.

L'adulte laissera à l'enfant l'initiative de ses mouvements, il faut l'accompagner par des mots, adopter un regard sécurisant et l'assurer sur le fait qu'on interviendra pour l'aider ou le protéger si nécessaire. De ce fait, l'enfant aura un sentiment de contenance et donc de sécurité affective et physique; c'est en encourageant l'enfant qu'il développera une confiance en soi.

La mise en place de petits ateliers avec leur spécificité (jeux moteurs, d'imitation...) va donner envie à l'enfant d'explorer ce qui l'entoure en investissant ces coins à sa manière et à son rythme. L'enfant ne doit pas explorer le monde seul, le professionnel est présent pour l'accompagner et l'encourager dans ses découvertes mais sans jamais faire à sa place.

c) Conclusion

La motricité libre désigne le chemin parcouru pour arriver à une posture et non le résultat. En bougeant, l'enfant fait la différence entre ce qui est près et loin, léger ou lourd, petit ou grand... et comment tourner, retourner, remplir, vider...

Même s'il existe un fil rouge sur le développement de l'enfant, le développement moteur dépend de plusieurs facteurs:

• La maturation du cerveau: cette dernière n'est pas terminée à la naissance, l'enfant n'a pas d'emblée toutes ses possibilités. Des circuits nerveux vont se construire peu à peu, lui permettant d'exécuter des mouvements de plus en plus précis.

• Les aptitudes personnelles: nous venons au monde chacun avec un potentiel moteur différent. Certains vont se déplacer très peu au sol pour faire vite les 1er pas, tandis que d'autres marchent plus tard mais se faufilent partout en rampant ou à 4 pattes.

• Des expériences motrices: que certains enfants vont peut être répéter de nombreuses fois ( la longue période de 4 pattes parfois observée avant la marche par exemple).

• De l'accompagnement de l'adulte: selon les conditions que nous mettons en oeuvre pour favoriser la motricité libre de l'enfant
  

Sources:

https://lesprosdelapetiteenfance.fr

 www.bougribouillons.fr

livre«  De la naissance aux premiers pas -accompagner l'enfant dans ses découvertes motrices Â». Michèle Forestier. 

Cours IFEN 2009-2012